L'apiculteur d'Alep, Christy Lefteri (trad. Karine Lalechère)
Commençons par une petite mise au point: le bandeau publicitaire glissé sur la couverture du livre annonçait dans un slogan accrocheur "une histoire d'amour fou", or je ne suis pas d'accord car ce n'est pas du tout ainsi que j'ai perçu ce roman. Ce qui ne m'empêche pas de l'avoir dévoré et adoré! Alors accrochez-vous car... attention, pépite!
L'apiculteur d'Alep est une fiction imaginée par Christy Lefteri, l'auteure, qui a travaillé pendant de longs mois en tant que bénévole dans un centre de migrants à Athènes. Autant dire que les nombreux récits glanés au cours de cette expérience ont largement contribué à la crédibilité de l'histoire.
Nuri Brahim est syrien et apiculteur à Alep, où il vit avec sa femme qui est artiste peintre et leur petit garçon, Sami, jusqu'à ce que la guerre vienne un jour tout faire basculer. Face à l'horreur et aux atrocités, ils n'ont alors plus d'autre choix pour survivre que de fuir. Commence alors cette impossible et terrible odyssée vers une terre de paix pour tâcher de recommencer une nouvelle existence. Et c'est précisément ce que ce livre a d'incroyable: en dépit de tous les malheurs vécus par ces exilés, malgré les peurs et les drames qui se jouent, ce qui ressort de ces pages est tellement poétique, tellement empreint de délicatesse qu'on ne peut que succomber à un tel paradoxe. Ce roman est magnifiquement écrit! Alors oui, effectivement, il y est tout de même question d'amour, mais c'est surtout une histoire bouleversante et une ode à l'Espoir.
Un mot encore pour préciser que la traduction de Karine Lalechère est vraiment splendide, un aboutissement dont rêverait tout traducteur...
Vous l'aurez compris, il n'y a dans ce roman ni voyeurisme, ni misérabilisme, juste une belle leçon d'humanité, et je ne peux que vous recommander de ne pas passer à côté car ce serait vraiment dommage: c'est un livre qui marque et qui nous ouvre les yeux...
Ed. du Seuil, 2020