Tant qu'il y aura des cèdres, Pierre Jarawan (trad. Paul Wider)
Un roman qui m'a été recommandé par un libraire qu'il faudra que je songe à remercier tant j'ai été envoûtée...
A l'heure où le Liban panse ses plaies tant physiques que politiques après la terrible explosion du mois d'août dernier, il me tenait à coeur de mieux comprendre ce pays, et ce roman nous éclaire précisément sur l'Histoire si complexe de cette terre et de cette culture, à travers le portrait du jeune Samir, dont la famille s'est réfugiée en Allemagne au début des années 1980.
L'histoire nous entraîne en effet dans la vie d'une famille d'exilés libanais unie et bien intégrée en Europe, qui bascule du jour au lendemain lorsque le père, Brahim, disparaît brusquement sans laisser de traces. L'enfance de Samir ne sera évidemment plus jamais la même, et une fois adulte, rongé par cette absence inexpliquée et afin de se reconstruire lui-même affectivement, il lui faudra se résoudre à retourner sur sa terre natale pour essayer d'en apprendre davantage sur ce père-héros disparu et tant aimé. La découverte de la culture si souvent narrée par ses parents et d'un paysage politique chaotique lui permettra de mieux cerner la personnalité de son père, de se réapproprier ses origines et surtout, de se réconcilier avec la vie et avec lui-même.
C'est un roman très émouvant, dans lequel l'Histoire et la géopolique ont la part belle puisque sur les traces de Samir nous découvrons en quelque sorte nous aussi son pays, ses incohérences et ses diverses ramifications. Le contexte terriblement ardu rend la trame de l'ouvrage encore plus poignante. Quant au personnage écorché vif de Samir, il nous bouleversera du début à la fin. Bref, vraiment un roman à découvrir!
Ed. Héloïse d'Ormesson, 2020